Souvenirs (bons ou mauvais)

Lundi 18 Janvier 2021. J'ai la journée libre et la météo annonce un temps anticyclonique parfait. Les récentes chutes de neiges, associées à un fort vent en altitude, font grimper le risque avalanche à 4. Étant seul, je n'hésite pas longtemps et me décide à aller traîner mes planches du côté de Bostan. C'est pas bien skiant, mais ça permet de faire une longue sortie sans trop de risque.

Départ du parking, déjà bien plein, à 9h15. J'ai décidé de sortir les fat aujourd'hui. Des Line Blend, avec des cotes bien généreuses (122-100-132) et montés avec des fixations Diamir. Autant dire que le tout pèse une tonne, et que j'ai plutôt l'habitude de les sortir sur des petits itinéraires. Je commence la longue montée du sentier d'été sur un bon rythme. Y a des jours comme ça où on sent qu'on a la patate ! Je dépasse un premier groupe dans une magnifique ambiance. Les arbres sont parfaitement blanchis et il y a des montagnes de poudreuse immaculées sur le bord du chemin. La trace est bien nette, et j'arrive assez vite sur le replat où la trace plonge vers le petit ruisseau.

Les choses « sérieuses » commencent ici, avec la très longue montée en direction de l'Avouille. Pas de zones raides, pas de conversions par centaines, juste des pentes vallonnées interminables avec cette grosse bosse qui semble reculer sans cesse. Avant de descendre vers le ruisseau, je regarde s'il y a beaucoup de monde devant. A priori, je peux voir deux randonneurs, dont le traceur du jour. La montée des premières pentes se fait toujours sur un bon rythme, et je me décide à tenter de rattraper mes prédécesseurs. Comme prévu, la montée me semble toujours aussi longue.

Après une trentaine de minutes, je rejoins le premier randonneur. Le second est arrêté quelques mètres plus loin. Bon c'est pas le tout de faire le malin, mais maintenant il va falloir tracer dans la poudre. Entre deux bosses, j'aperçois un troisième randonneur bien plus haut. Il doit sans doute venir du Refuge de Bostan. Mine de rien, il commence à faire bien chaud au soleil et je coince un peu. Heureusement, je n'ai eu à tracer que 5 minutes avant de rejoindre la trace venant du refuge. Pourtant, je laisse toujours des plumes une fois dans la trace. Les fat c'est bien sympa, mais ça frotte un max sur les côtés de cette trace faite par une unique personne.

Tant bien que mal, j'arrive sur la ligne de crête avant de descendre vers le Pas de la Latte. Le plus gros est fait, mais il reste encore à remonter la longue croupe jusqu'au sommet de la Tête de Bostan. Pour une fois, cette partie est plutôt plaisante avec un vent quasi absent. Chaque fois que je suis venu ici, j'ai toujours mangé un zef à décorner les bœufs. Mon rythme commence à bien ralentir, tant et si bien que l'un des randonneurs dépassé plus bas me rattrape. Il s'avérera plus tard qu'il s'agit d'une personne avec laquelle j'ai pas mal échangé par commentaires interposés sur camptocamp. Nous croisons le traceur du jour, qui entame sa descente, dans la dernière pente sous le sommet.

Il est 11h45 quand j'atteins la croix sommitale. 2h30 pour 1300 de D+ avec les fat aux pieds, je suis plutôt content de ma forme du moment. Troisième du jour au sommet et troisième à descendre, ça s'annonce plutôt sympa. Jusqu'au Pas de la Latte, la croupe ne propose pas des pentes très skiantes. Il faut souvent faire du tout droit, sous peine de s'arrêter. Pour la suite, j'opte pour une descente droit dans la pente Sud-Ouest de l'Avouille. Aucune trace en vue. Mes deux prédécesseurs sont sans doute passés plus à droite, dans les pentes encore à l'ombre. Cette portion est tout bonnement monstrueuse, avec 40 à 50 de fraîche sous les lattes. La suite est tout aussi bonne jusqu'au ruisseau. Après une remontée un peu fastidieuse, je rejoins le chemin, que je quitte peu après pour les pentes qui rejoignent le Chalet de la Croix. Comme souvent, elles ont déjà un peu chauffé, et la neige est un poil lourde à skier. Le reste du chemin est assez sympa, avec suffisamment de neige pour ne pas s'occuper des caillasses. Au regard des conditions du moment, je suis bien content d'être venu dans le coin avec les fat, quand bien même ça reste un itinéraire peu skiant...