Souvenirs (bons ou mauvais)

J'avais déjà entendu parler du Mont Aiguille. Quelques recherches sur Internet m'avaient donné l'occasion de voir des photos magnifiques de ce monolithe perdu et isolé dans le Vercors. Quelques lectures m'apprenaient que la première ascension fut réalisée à l'aide d'échelles. Ceci, ajouté aux photos et aux faibles recherches que j'avais fait me laissa penser que ce sommet était réservé aux grimpeurs chevronnés.

La surprise fut donc d'autant plus grande lorsqu'à l'été 2013 mon beau-père me proposa de réaliser cette ascension avec un guide. Le topo annoncait une voie "normale" de 300 mètres et une cotation maximale équivalente à 3c...bien loin de l'image de monstre inaccessible donc.

Nous partons tôt de Grenoble, aux alentours de 5h du matin, pour rejoindre le parking de la Richardière. La première vue du Mont Aiguille est assez saisissante. Planté comme un gigantesque château au milieu de nulle part, le sommet nous fait forte impression. Chacun s'amuse et y va de sa petite blague...pour mieux cacher sa propre appréhension. Au parking, nous faisons connaissance avec nos deux guide et deux autres participants (un militaire et son beau-père). 

Les deux professionnels nous font une petite présentation du matériel et nous donnent quelques consignes de sécurité. Puis nous commencons notre journée. La marche d'approche, assez longue, nous permet de mieux appréhender le milieu dans lequel nous allons évoluer. Pourtant, le Mont Aiguille se fait plutôt discret. La forêt laisse place assez vite à un décor plus minéral et pourtant il est toujours impossible de deviner notre objectif, caché par la végétation. Ce n'est qu'au Col de l'Aupet que l'on peut enfin apprécier cette montagne. Même si la vue se limite à la face Ouest, l'immensité du décor nous laisse tous émerveillés.

Après une montée soutenue, nous atteignons les premiers contreforts. Nous nous équipons avec casques, cordes et baudriers. Nos cordées sont composées de quatre et cinq personnes. Je me retrouve avec ma compagne, son meilleur ami et mon beau-père.

Chacun peine à dissimuler un mélange d'excitation et de peur (plus ou moins dosée selon les participants...). Pourtant, dès les premiers mètres, celle-ci s'évapore instantanément. Le rocher est disposé de telle façon que la paroi forme de gigantesques gradins, si bien que l'escalade est très facile. Quelques passages sont équipés de câbles qui facilitent la progression. 

Après une rampe, la voie normale disparaît derrière un immense pilier. On a alors la sensation d'avoir pénétré dans une gigantesque cathédrale. De grandes flèches rocheuses s'élancent vers le ciel.

La suite de l'ascension consiste en l'escalade d'un mur assez raide. Ce mur permet d'atteindre le Passage des Meules. Il s'agit là du passage le plus impressionnant de l'ascension. On doit traverser le long de la paroi en suivant une vire étroite où il est difficile de se protéger efficacement. Etant dernier de cordée, je ne peux m'empêcher d'avoir une petite pensée qui me traverse l'esprit : " Et si quelqu'un chute ? "

La fin de l'ascension est assez marante. Une cheminée malcomode où chacun s'amuse des difficultés de l'autre. Puis c'est enfin la sortie sur le plateau sommital. Le soleil et les vautours viennent nous saluer.

La descente est assez intéressante, dans la mesure où on n'emprunte pas l'itinéraire de montée. La desescalade est très ludique et jamais difficile. Nous croisons un couple espagnol qui semble un peu perdu dans cet immense amphithéatre. 

La descente se termine par un rappel de 50 mètres. Ce dernier sera assurée et dirigé par le guide  depuis le haut. Je suis le premier à me lancer et je ne suis pas rassuré. J'ai toujours eu les pires difficultés du monde à m'en remettre totalement à une corde. Cela peut paraître stupide mais lors de la montée le vide ne m'a pas gêné. Sur la paroi, j'étais maître des choses, j'assurais moi-même mes prises. Ici je ne me sens maître de rien, assis dans le vide et retenu par une fine corde.

Je garde de cette ascension un magnifique souvenir. Les paysages sont grandioses et l'escalade vraiment ludique. Je vous conseille donc, si vous en avez l'occasion, de vous aventurer sur ce gigantesque édifice qu'est le Mont Aiguille. 

Voici la vidéo de notre journée :

Randorama74.